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L'association

ASSOCIATION
"AGREDIANCE"
pour
Promouvoir la PAIX

par le
bien-être relationnel,
personnel, conjugal, familial,
scolaire, professionnel, sociétal.

Association loi de 1901 SIRET 52090347700013 CODE APE 8559A

 

agrediance@hotmail.fr

Tel : 06 19 26 61 07

Siège : 812 Chemin de La Ciotat 83150 BANDOL

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Association pour promouvoir la PAIX
Le conte de l’épicière
 Melle Blacol tenait l'épicerie du village ; c'était une demoiselle sans âge qui passait son temps à récriminer. Depuis la mort de ses parents, elle avait repris le commerce, mais il était difficile de savoir ce qu'elle vendait exactement, tant la boutique regorgeait d'objets aussi hétéroclites que poussiéreux ; on aurait pu penser que c'était plutôt un bric à brac sombre et assez peu avenant, à l'image de sa propriétaire. Un jour passa dans le village une troupe de comédiens ; l'un d'eux, Djingo le poète musicien fut chargé de faire les courses. Après un moment d'hésitation, il décida d'entrer. Melle Blacol, vêtue d'une blouse marron et d'un vieux gilet fatigué, regarda son client d'un air détaché. « Enfin un client ! c'est pas trop tôt ! » commença-telle en marmonnant entre ses dents. Djingo lui tendit la liste des provisions dont il avait besoin. « Ah! vous alors ! Vous en voulez des choses ! Si vous saviez comme les temps sont durs !  Depuis l'installation du supermarché, plus personne ne vient chez moi ! Comme s'ils ne m'aimaient pas ! » Et, tout en cherchant les produits aux quatre coins de la boutique, elle continuait. « Tout ce que je fais ne sert à rien ; j'ai beau faire des promotions, ils préfèrent aller là-bas ; cela leur revient pourtant aussi cher avec le déplacement ! »

Pendant ce temps, Djingo, d'abord indifférent aux paroles de l'épicière, observait ses allées et venues ; elle traînait ses chaussons usés en courbant le dos. Quelle âge pouvait elle avoir ? elle ne devait pourtant pas être très âgée ! « Ah ! Un jour je finirai par mettre la clé sous la porte ! Les charges sont si lourdes ! » Intrigué par ce flot de lamentations, Djingo se sentait mal à l'aise ; mais au fur et à mesure que les produits s'amoncelaient sur le comptoir il éprouvait de la sympathie pour cette femme enfermée dans son malheur. Il l'écouta avec davantage d'attention. « Vous vous rendez compte, cette boutique est dans ma famille depuis trois générations ; mes pauvres parents ont tout donné pour rendre service aux villageois. Et maintenant, voilà comme ils me remercient … Ah ! Tout ce travail à faire avec mes douleurs, sans pouvoir être aidée !... »  Djingo sortit de sa poche un coquillage nacré et le posa délicatement sur le comptoir.

Melle Blacol, surprise, arrêta de parler et observa avec attention cette jolie coquille lumineuse. Elle regarda Djingo qui lui dit alors, avec une grande bienveillance : «  Comment se fait-il que vous mettiez autant d'acharnement à fabriquer votre malheur ? » Elle était interloquée ! Il continua : « Qu'est-ce que vous aimez en vous, et que vous voudriez que les autres aiment ? » Elle était si étonnée de ces questions qu'elle attendit un bon moment avant de répondre, comme si elle cherchait quoi dire. Puis lentement des larmes se mirent à couler, un ruisselet se forma au moment où elle murmurait un tout petit «  Rien ! » qui avait du mal à sortir.

Melle Blacol s'assit en laissant exploser de gros hoquets qui se transformèrent en sanglots. Cela dura à peu près une demi-heure ; à ses côtés, Djingo, un sourire paisible aux lèvres lui passait tranquillement des mouchoirs en papier, un à un. Aux pleurs succéda la tristesse, puis la colère d'avoir si longtemps refoulé son désir de gaieté. Sans qu'elle s'en rendît compte, elle laissait échapper des émotions longtemps retenues et progressivement elle éprouvait des choses nouvelles qui la remplissaient de joie.

Elle ne se sentait plus la même quand elle prit dans ses mains le coquillage nacré et le porta à son oreille. Elle resta pensive un long moment ; puis, décidée à saisir sa chance, elle empaqueta les courses de Djingo dans de grands sacs aux couleurs vives, cachés sous son comptoir. Elle prit soin de lui ajouter une bonne brioche pour le remercier et lui souhaita bon voyage.

Le lendemain, les villageois furent surpris en passant devant la vitrine de l'épicerie : une guirlande colorée clignotait tout autour ; les produits étaient remarquablement mis en valeur par un agencement harmonieux et une grande étiquette fluo annonçait une journée de promotions. Que s'était-il passé ? Des curieux commencèrent à entrer, étonnés de découvrir leur épicière totalement transformée : ses cheveux ondulaient sur ses épaules, son visage légèrement maquillé laissait voir des traits d'une finesse insoupçonnée. Dans sa robe fleurie, offerte par sa mère pour ses seize ans, Melle Blacol semblait avoir rajeuni d'au moins dix ans ! Elle accueillait chacun avec un chaleureux « Bonjour ! Que puis-je pour vous servir !»

 La journée se passa comme un rêve ; les clients affluèrent sans interruption et les rayons furent rapidement vidés. Malgré la fatigue, elle était heureuse ; les villageois étaient revenus vers elle. Eux aussi étaient heureux, leur épicerie avait retrouvé la joie. Depuis ce jour, les habitants se fournirent régulièrement chez elle, sûrs d’y trouver de la bonne humeur. Quelques temps après, au cours d’une joyeuse fête, furent célébrées les noces de Melle Blacol avec le livreur de produits frais, M. Gaipinson.  SSa & HC novembre 2010

Moralité : * « Peine pleurée peut guérir » Marie Balmary, psychanalyste. Les larmes libèrent de puissantes énergies quand elles sont accueillies par quelqu’un qui leur laisse faire leur travail.

 * « Tout sentiment négatif exprimé et accueilli par quelqu’un, quitte la personne » Denis Sonet

 * Etre présent à la difficulté de l’autre, à sa douleur ou sa souffrance, et rester soi-même, confiant et solide, pour qu’il puisse s’accrocher à cette solidité comme à une bouée, lui permet de (re)prendre sa vie en mains.

Ecrit par Les Membres du Conseil d'Administration , le Lundi 1 Novembre 2010, 09:58 dans la rubrique "Contes".