CONFINEMENT : ça me gonfle !

Une même situation de frustration ou de stress peut entraîner des réactions différentes : énervements, coups plus ou moins forts sur la limite rencontrée, cris, larmes, chagrin, colère qui se répercute sur l’entourage, sentiment d’être toujours victime « ça n’arrive qu’à moi ! », énergie dynamique, etc...
Mais, au départ, c’est la même force qui jaillit en chacun, force que je nomme pour le moment « agressivité ».

Avez-vous déjà employé, ou entendu l’expression : « ça me gonfle ! » ou bien « il me gonfle ! » ? En général, ces expressions sont utilisées dans des situations de frustration, quand notre besoin ou notre désir rencontre une limite.
Alors, prenons en compte que nous avons comme un réservoir d’agressivité à l’intérieur de nous (c’est un peu comme un volcan pour certains : il gronde, parfois fume plus ou moins, et parfois explose).
Représentons maintenant ce réservoir d’agressivité comme un ballon gonflable.

Et voici la pompe qui gonfle le ballon à chaque limite rencontrée.

Alors, avec les mille et une grandes ou petites insatisfactions qui jalonnent nos journées, le ballon gonfle, gonfle, gonfle…

Que va-t-il se passer au bout d’un moment si on omet de prendre en compte ce remplissage?

Autour de nous, les gens vont avoir peur car le réservoir est prêt à déborder, le ballon est prêt à exploser.
C’est d’ailleurs ce qui se passe si par hasard, il frôle un clou, c’est à dire une personne qui apporte une nouvelle frustration : elle prend toute l’agressivité accumulée sur elle !

On peut aussi imaginer un sac à dos dans lequel chaque coup de pompe (chaque frustration) est représenté par un caillou que l’on ajoute dans le sac.
Quand le sac devient trop lourd pour avancer, certains jettent des cailloux sur la personne qui apporte une nouvelle frustration, d’autres arrêtent leur marche tant ils ont de poids sur le dos : ils entrent en dépression, n’ont plus de désir afin d’éviter d’être frustré et d’avoir de l’agressivité ; ils ressemblent à une bouée dégonflée, bien inutile si je suis en train de me noyer. D’autres tombent malades.

Cependant, « je ne suis pas responsable de l’agressivité qui vient, je suis responsable de ce que j’en fais, mais j’en fais ce que je peux » !
Donc, je peux améliorer ce que j’en fais… !

Premièrement, l’agressivité, voire la colère, sont comme le souffle qui traverse le klaxon : pouet ! pouet ! il y a risque de danger ! L’agressivité est un avertisseur, un signal d’alarme pour dire : « attention ! Quelque chose ne va pas!» L’agressivité est une force qui jaillit en nous dans les situations de frustration.
Deuxièmement, l’agressivité peut aussi être comme le vent qui gonfle les voiles pour faire avancer le bateau : c’est pour cela que j’ai inventé le mot « agrédiance ».

En effet, le mot « agressivité », qui est souvent vu comme négatif car il fait penser à « agressif, violence », vient du latin « agredire » qui veut dire « avancer » et a donné « grade, gradient, graduation ».

Ainsi, voici le concept d’agrédiance pour gérer stress et réservoir d’agressivité

L’agrédiance est pour moi une force de vie née de la rencontre d’un besoin ou d’un désir avec une limite ; une force utile pour avancer, pour faire bouger les choses, une force qui sert à se construire et à construire des relations humaines bienveillantes par l’utilisation positive de l’agressivité. Une force qui a besoin d’être humanisée par la parole. Une force pour construire la PAIX.


« La violence est la manière naturelle de gérer son agressivité dans une situation de conflit. Ce qui n’est pas naturel, ce qui s’apprend, c’est le respect, la convivialité et la paix » A. Comte-Sponville, philosophe ÿ